je passais les premières années de ma vie, comme tout elfe, à étudier les contes et légendes elfiques.
De leurs combats héroïques contre Morgoth et autres créatures des ténèbres, de nos faits d'armes et de bravoure durant Trois Ages.
On nous initiait dès notre plus jeune âge à l'art de manier l'arc, user de notre ouïe et de notre vision pour anticiper les danger, à apprendre de la nature elle même.
A nous fondre dans celle-ci. Les orcs et autres trolls se n'approchaient guère à moins de quinze lieux de Fondcombe en ce temps là.
La ville de Fondcombe était prospère, témoin de la grandeur des elfes.
Mon père me contait souvent ses fait d'armes, sa brève rencontre avec le tristement célèbre Turin Turambar,
ces batailles acharnées de nos confrères aux portes du Mordor, l'honneur de nos aïeux tombés au combat contre la vermine orque.
Les années passèrent et jamais l'hiver ne tombait sur Fondcombe.
Mais un jour, nos éclaireurs commencèrent à disparaitre en masse, nos sanctuaires au Nord et au Sud furent souillés. Les nains se terrèrent plus profondément encore, et les humains se firent encore plus rares dans nos contrées.
Nos regards se tournèrent tout d'abord vers la vermine troll, en effet ceux ci pullulaient depuis peu. Mais les rares éclaireurs qui réussirent à revenir nous apportèrent une nouvelle encore plus funeste. Les orcs se regroupaient en masse, osant même s'aventurer vers nos premiers postes.
Depuis quelques temps, Fondcombe n'avait plus aucun nouvelle de l'extérieur, et l'on vivait reclus, loin de penser qu'a quelques lieues de là,
l'armée de Sauron se mettait en marche, pillant, brulant, et rasant tout sur son passage.
Face à la disparition de plus en plus préoccupante de nos frères chargés de faire la ronde, je fus moi aussi obligé à prendre les armes.
Ceci marquait pour moi un changement de taille. le temps de la paix était révolu. Mes travaux d'érudits furent stoppés et je fus bien vite contraint à devenir, comme mon père, un chasseur. Une cérémonie eut lieu en l'honneur de mon intégration, durant laquelle me furent remis, un arc long, de couleur noire, des rations de survie, ainsi que deux dagues courtes, d'un acier étincelant.
Mon père assistait a la cérémonie, stoïque, fixant mon maitre de classe.
Puis vint bientôt ce jour damné, ou tout bascula.
Il s'agissait simplement de rejoindre un campement au sud de la trouée des trolls, afin de ravitailler quelques soldats, occupés a endiguer l'avancée des troupes ennemies. Des Angmarims avaient étés perçus non loin d'un de nos sanctuaires. Nous partîmes de nuit, en groupe de quatre, tels des ombres, traversant l'obscurité des bois sans un bruit, sans une trace, d'un pas régulier et ferme.
Sans s'arrêter, jamais. Au petit matin nous étions arrivés aux premières frontières. Le camp n'était plus qu'à quelques kilomètres de là et fut bientôt à vue.
Nos regards se tournaient avec effroi quand nous vîmes une épaisse fumée noire se dégager de celui ci; accompagnée d'une odeur à peine supportable.
La crainte se lisait sur nos visages et nous courûmes le plus rapidement.
Un étrange monticule était désormais visible, et je compris avec effroi qu'il s'agit d'un amoncèlement de cadavres, nos frères, nos éclaireurs avaient failli...
Une fois sur place nos craintes prirent corps, le camp avait été rasé intégralement, recouverts d'étranges signes d'invocation angmarims. Nous avons failli à notre tâche.
Ma première mission pour la communauté se soldait par un cuisant échec...
Les soldats m'accompagnant ne laissèrent transparaitre leur émotion. L'horreur était devant nos yeux, rien ne serait plus jamais pareil.
La colère montait en moi. Des tas de cranes, d'os, et d'armes avaient été amoncelés en gros tas, une montagne noirâtre de mort.
Soudain, des bruits, des sons, des odeurs. Des orcs se déplaçaient nous loin d'ici. Nos sens nous indiquaient une attaque en cercle.
Le camp, perché au sommet d'une petite chaine de montagne était encerclé. Le combat était inévitable. Nous étions piégés.
Les sentinelles levèrent leur boucliers, et les chasseurs commencèrent à tirer en contrebas. L'épaisse verdure cachait le déplacement des orcs, mais notre ouïe nous indiquait qu'ils tombèrent sous nos flèches. Je tirais moi aussi, rage au ventre, face à cette menace invisible.
Soudain les tambours ennemis se mirent à résonner, suivi de cris de centaines d'orcs. Nous étions perdus. Mais nous faire face avec honneur, comme nos aïeux.
Les troupes furent a vues, Nous tirâmes a cadence soutenue et nos compagnons sentinelles elfes dévalèrent les pentes pour aller a la rencontre de cette masse noirâtre.
Nos premières compagnons tombèrent peu à peu, notre petit groupe n'avait aucun chance, nous n'étions bientôt plus qu'un groupe d'une dizaine de chasseurs perchés en haut du poste d'observation du camp.
Les troupes de Sauron n'étaient plus bientôt qu'à une dizaines de mètres et les flèches vinrent a manquer. Le combat était perdu. Mes compagnons tombaient l'un après l'autre. Des amis, des connaissances, de la famille. La rage montait en moi, le désespoir m'assaillit et je laissait mon arc pour foncer dans l'ennemi en compagnie de mes dagues. Mourir avec honneur était désormais mon seul but.
Quand soudain je sentis une énorme coup sur la tête. Je me retournai dans un dernière effort pour contempler le visage de mon agresseur avant de tomber.
Il s'agissait d'une silhouette féminine, toute de noire vêtue, le visage couvert. Mon corps me lâcha et je sentis cette femme me trainer au sol avant de perdre définitivement connaissance.
Je repris mes esprits dans un endroit inconnu. Les cris de mes compagnons d'armes résonnaient encore dans ma tête. Quel étrange endroit. Des murs blancs faits de chaux, des poutres en bois...
Des bibelots de nature humaine... des odeurs inconnues... Je me levai avec douleur, je ne portais plus que mon bas d'armure, sans armes. Mon corps tout entier me faisait souffrir.
Un rapide coup d'œil par la fenêtre et je compris rapidement. J'étais dans une ville humaine... dans une chambre d'auberge... Après avoir repris mes esprits, je descendis rapidement de l'établissement.
L'aubergiste m'affirma qu'une femme seule avait réglé une chambre pour la nuit et disparu.
Me voici seul dans cette ville, Bree, seul et sans armes, c'est ainsi que commence une nouvelle histoire.